- Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Roland Salesse, j’ai été directeur pendant 10 ans, du laboratoire de recherche sur l’olfaction et le goût au centre INRAE de Jouy-en-Josas. Et depuis que je suis à la retraite, je me consacre à la vulgarisation scientifique.
- Qu’est ce que Le Petit parfumeur ?
C’est une rencontre entre OUATE et un grand nombre d’enfants avec qui nous avons joué avant les vacances d’été 2022. Le Petit Parfumeur, c’est faire sentir, mais surtout leur faire comprendre, qu’ils ont un nez et qu’ils peuvent s’en servir.
- Pouvez-vous nous parler de Nez en Herbe ? Quels sont les objectifs ?
L’association est née en 2017. C’est une association toute jeune. La covid l’a également freiné puisqu’on ne pouvait pas sentir avec les masques. Nez en Herbe propose de favoriser l’éveil olfactif des enfants dès la crèche.
- Quelles sont les différentes phases de développement de l’odorat chez le bébé et l’enfant ?
L’intérêt de l’odorat est qu’il commence déjà à fonctionner dans le ventre de la maman. Dans le dernier mois de la grossesse, nous sommes à peu près sûrs qu’il fonctionne. Par exemple, lorsqu'on donne de l’anis à la maman, on s’aperçoit qu’après la naissance, l’enfant qui a connu l’anis in utero, préfère cette odeur à une autre. Donc cela commence là ! Cette expérience est emmagasinée dans notre mémoire olfactive, même si ce n’est pas conscient, et nous servira toute notre vie. En particulier l’odeur de notre mère, que l’on n’oublie jamais. Progressivement, on enrichit notre répertoire olfactif avec l’âge. Et quand on acquiert le langage, on peut commencer à nommer les odeurs.
- Est-ce que le goût et l’odorat sont liés ?
Ils sont intimement liés. Ce qu’on appelle le goût est 80% l’odorat. Quand on mange, on mastique les aliments, on libère dans la bouche les produits odorants, volatiles, qui vont passer par l’arrière gorge et remonter dans le nez, et là, ils seront sentis par la muqueuse olfactive qui se trouve tout en haut des fosses nasales. Par exemple, lorsque l’on est enrhumé, on n’a plus de goût alors que souvent c’est parce que l’on a plus d’odorat.
- Quels ont les rôles principaux de l’odorat pour un enfant ?
On sous-estime beaucoup le rôle de l’odorat pour les enfants. Même si on ne leur apprend pas, ils ont une curiosité naturelle qui leur font utiliser tous les sens. Il y a des sens dominants, mais on s’en aperçoit que de façon non consciente, ils sont tout à fait capables d’enregistrer l’odeur de la maman, de la famille etc… Il sert également à se repérer dans l’environnement. Mais le rôle principal est de dire si c’est bon ou non.
- Comment stimuler l’odorat chez l’enfant ?
Il n’y a que l’exercice qui peut stimuler. Au début, quand on leur présente des produits odorants, ils ne savent pas quoi en faire, ils les mettent à la bouche, à l’oreille. Mais lorsqu’ils ont compris qu’il fallait le mettre sous le nez, la fois d’après, ils recommencent. C’est un cercle vertueux. C’est favoriser leur curiosité.
- Y a t’il des prédilections à avoir un bon « nez » ? Ou cela doit-il se travailler ?
C’est très difficile de dire s’il y a des gens qui sont performants sur le plan olfactif. On rencontre des parfumeurs qui disent que c’est beaucoup de travail pour arriver à leurs compétences. Il n’y a pas de méthode particulière, l’entrainement suffit.
- Pourquoi l’odorat est un sens oublié à l’école ?
C’est sans doute une question culturelle. C’est-à-dire que dans notre civilisation occidentale, depuis très longtemps nous avons déprécié, voir oublié, l’odorat. On constate quand on visite des populations isolées, que certaines ont vraiment une culture olfactive. Il est donc possible que nous l’ayons eu, seulement nous n’avons pas pu continuer à la cultiver.
- À quoi Mon parfum d’artiste vous fait-il penser ?
Le bord de mer et le soleil. J’aime bien ce genre de succession. Un air de vacances, il faut bien le dire.