Dans cet entretien passionnant avec le Docteur Morgan, médecin généraliste et homéopathe spécialisée dans la nutrition intégrative.
Cécile Morgan nous explique comment la peau des enfants est aujourd'hui mise à rude épreuve et nous livre ses conseils pour pallier aux désagréments qu'elle peut traverser!
Un peu d’eau et de savon de Marseille, et voilà, le film hydrolipidique des bambins qui se régule tout seul ? VRAI ou FAUX?
Autrefois, à une époque où les 4 piliers de la Santé n’étaient pas si malmenés : nutrition, respiration, élimination, sommeil, l’auto-régulation du film hydrolipidique ne posaient pas de soucis, sauf pour les enfants qui présentaient des peaux fragilisées par de l’eczéma, du psoriasis, de l’acné ou de la dermatite atopique…
Pour aborder le premier pilier en quoi est ce que la nutrition impacte la peau des enfants?
La peau, reflet de nos intestins, est impactée par tout déséquilibre alimentaire, que ce soit des carences ou une consommation trop importante d’aliments dits inflammatoires.
Quelle a été l’évolution de la qualité de la nutrition depuis les 30 dernières années et quel en est son impact sur la peau?
Déjà en 1984, l’étude Suvimax observait chez la majorité des adultes une carence en magnésium, vitamine B6, zinc, vitamine D et oméga 3. A noter que la supplémentation de la femme enceinte est encore imparfaite, se focalisant encore uniquement sur l’acide folique. Selon les études de Pierre Weill, célèbre agronome français (créateur du label Bleu Blanc Cœur), les enfants naissant de mère carencées en Oméga 3, expriment d’emblée les gènes de l’inflammation : manifestation en « ite » des sphères respiratoires, digestives, cutanées ...
Inutile de préciser que les sols ne sont pas vraiment plus riches en minéraux de nos jours. Et la consommation en oméga 3 sous forme de poissons gras, ou de noix de Grenoble ou Périgord (par exemple), reste insuffisante. Ces facteurs se sont donc vraisemblablement aggravés.
Par ailleurs, se rajoute une addiction des enfants aux aliments raffinés: faits à partir de sucre blanc, graisses hydrogénées, céréales raffinées, laitages industriels, ces aliments en surconsommation stimulent la production d’insuline, épuisant ainsi le pancréas et libérant les hormones les plus inflammatoires du corps.
Rajoutons à cela la pollution environnementale pour les citadins et la qualité de l’eau, plus ou moins « javellisée », plus ou moins calcaire... qui fragilise la barrière cutanée.
Avec la covid on sait que le port du masque est obligatoire chez les enfants dès 6 ans, quel impact est-ce que cela joue sur leur peau encore fragile et en pleine construction?
Le port obligatoire du masque pour les enfants à partir de 6 ans rajoute une contrainte physique extérieure qui n’est hélas pas physiologique dans les durées de port demandées. Outre l’aspect fort retentissant sur leur psychisme (selon l’étude allemande Corona children studies « Co-Ki », réalisée sur plus de 25 000 enfants dans toute l’Allemagne : plus de 50% présentent des perturbations du comportement à type d’irritations, de troubles de l’humeur, des difficultés de concentration, 30% dorment moins bien...), cette barrière tissulaire crée une augmentation locale de la chaleur, de l’humidité ce qui stimule la production de sébum et l’obstruation des pores, créant l’apparition de boutons type acnéique, mais aussi des irritations locales. Tout cela traduit une agression de la barrière cutanée et sa conséquence, la cascade inflammatoire avec des microlésions aux points de frottement et des démangeaisons.
Qu’est-ce que la nutrition intégrative ?
La médecine intégrative part du principe que le corps est un ensemble de systèmes qui communiquent en permanence entre eux et non des parties isolées les unes des autres.
Un déséquilibre quelque part aura t’il des répercussions ailleurs? Quel est le lien entre la peau et notre cerveau?
N’oublions pas non plus que peau et système nerveux sont issus du même tissu embryonnaire et que toute perturbation du système nerveux peut donc aussi avoir un impact sur la peau.
Interface entre notre environnement et notre intériorité, la peau exprime aussi symboliquement une souffrance psychique vis à vis du milieu extérieur. Ainsi l’eczéma symbolise-t-il un conflit de séparation, lors du divorce des parents par exemple. Toutes les personnes qui présentent des problèmes cutanés chroniques ont déjà fait le lien avec un stress psychique concomittant. Depuis plusieurs décennies, nous sommes rentrés dans une ère d’hyperstress, faite de petits stress accumulés et répétés qui nous poussent dans l’inflammation chronique systémique dite « de bas grade », terrain de toutes les maladies inflammatoires chroniques.
Tous ces facteurs réunis se répercutent inévitablement sur le microbiote cutané, enfants comme adultes, avec des terrains plus ou moins sensibles bien sûr.
Comment palier aux désagréments que la peau peut traverser? Quels sont les critères de cosmétiques que nous devons privilégier pour la protéger?
- Eviter les produits issus du pétrole, contenant de la paraffine.
- Limiter les conservateurs chimiques perturbateurs endocriniens (de type-parabens), ou allergisants (phénoxyéthanol), exit les sels d’aluminium.
- Une base lavante douce naturelle.
- Une eau florale ou thermale apaisante pour les peaux irritées.
- Une crème hydratante légère, à bases d’actifs naturels au moins 90%, ou biologiques.
- Un baume à lèvres protecteur et régénérant.
- Associer le cerveau olfactif pour réguler le système nerveux, avec des parfums en résonance avec l’univers émotionnel des enfants.
- Jouer avec une galénique ludique qui s’intègre dans un rituel doudou, cocooning.
- Une protection solaire est enfin absolument indispensable, qui puisse conjuguer efficacité et plaisir, afin de préserver le capital soleil cutané des enfants, négligé pendant des décennies et souvent associé à un protocole désagréable, et également non appliqué si l’enfant est trompeusement « à l’ombre ».
- Enfin n’oublions pas que la peau se nourrit avant tout de l’intérieur, et que l’avenir est aux « nutri-cosmétiques », afin de préserver ou restaurer le statut en acides gras membranaire et la qualité de la barrière cutanée, avec:
- des ingrédients « nourriciers » : huile de bourrache, vitamines E, C, des phyto-céramosides, des anti-oxydants...
- souvent des probiotiques qui en équilibrant le microbiote intestinal vont également réguler un microbiote cutané enflammé.
- des alicaments ou compléments permettant de rétablir l'équilibre acido-basique du terrain, la peau étant le baromètre extérieur du climat intérieur...
Préservation, régénération du tissu cutané, mais aussi voie d’accès pour réguler les émotions, la cosmétique cutanée pour les enfants a désormais une place nécessaire au quotidien.
Un grand merci au Docteur Morgan!
Dr Cécile MORGAN
Médecine générale et Nutrition Intégrative
Doctorat en Médecine générale, Université Paris VI, Broussais-Hotel Dieu
Maîtrise de Sciences Biologiques et Médicales en Psycho-physiologie
Diplôme d’Homéopathie auprès du CFSH, Dr Sananès
Thèse de Médecine Générale « Le régime alimentaire personnalisé : comment allier Science et Tradition ? », avec le soutien du Pr Joyeux
Diplôme du Collège Scientifique Stélior, Genève, sur Métaux et Maladies inflammatoires chroniques
Formations en Micronutrition auprès de divers laboratoires en Médecine Nutritionnelle et Fonctionnelle depuis 15 ans
Formation en soins énergétiques divers et en Orthoénergétique auprès du Dr Christian Roche